1 De la désocialisation de Gégé Mer 8 Déc - 21:15
tominparis
J'ai ré-écouté avec intérêt l'interview de Phildar alors qu'il travaillait sur RTL2. Son discours est assez intéressant car révèle au jour le jour l'impasse dans laquelle se dirigeait inexorablement le business model "les débats de Gégé".
En effet, il en ressort deux points importants.
D'abord, le "concept" Gégé en libre antenne était un modèle en bout de course qui avait depuis déjà un bon moment grillé ses meilleures cartouches. Sur la fin, l'émission était au mieux acceptable, le plus souvent ennuyeuse. Changement d'équipe, changement d'esprit, changement d'époque...tout doit se terminer un jour comme le souligne avec sagesse Phildar. L'atmosphère gentiment bordélique et déjantée de l'âge d'or avait disparu pour une version plus chloroformée des débats de Gégé. Les auditeurs avaient grandi et l'émission peinait à trouver un second souffle. Le principal intéressé semblait lui-même être de plus en plus détaché de son émission : je pense personnellement que, malgré sa bêtise presque admirable, il avait conscience que ce cirque ne menait à rien : il était là pour faire le clown depuis des années et il n'avait rien d'autre à attendre de la radio. On se servait de lui, et lui y trouvait son compte finalement, mais ce jeu devait se terminer un jour ou l'autre.
Je pense également que sa séparation d'avec Sandy a eu plus de répercutions qu'il ne voulait bien l' avouer (Nicolas avait fait une interview croisée de Sandy et Gégé juste après leur séparation et Gégé avait abreuvé Sandy d'accusations sans fondement): il faut en effet reconnaître que Sandy était son seul lien tangible avec le monde civilisé et un noyau social presque normal avec des amis, des sorties, et une belle-famille. Une fois partie, Gégé s'est retrouvé bien seul en roue libre avec ses démons : alcool, aigreur et solitude.
Deuxième remarque, c'était l'impossibilité de formater Gégé dans une émission. Même s'il avait eu un CDD à une époque, le "concept" Gégé tenait plus de l' expérimentation que du "business model". C'était une bombe artisanale toujours sur le point de sauter. Menteur, d'une mauvaise foi consternante, alcoolique, grossier, vulgaire, asocial, incapable d'une introspection la plus élémentaire, Gégé n'était exploitable que dans sa "cage médiatique". En dehors du contexte de la radio, qui voudrait sérieusement d'un ami comme Gégé toujours prêt à déraper et insulter son entourage? Il avait ses fans certes, mais sans les "débats de Gégé", Gérard n'eut été qu'un alcoolique anonyme parmi tant d'autres dont nous nous serions bien moqués. C'était un concept unique, non reproductible, une sorte de prototype imparfait voué à l'échec à terme. Le tout était de savoir quand prendrait fin cette mascarade. En effet, comment prendre au sérieux sur le long terme une émission dans laquelle un alcoolique acariâtre insultait les auditeurs à longueur de débat et prenait le micro avec un dose substantielle de rouge dans le sang? Gégé était donc un modèle unique. Unique dans son concept et unique dans le temps car aucune radio ne prendrait le risque d'avoir un Gégé à l'antenne de nos jours, où la judiciarisation des actes est devenue banale. Déjà, je trouve miraculeux qu'il ai pu rester à l'antenne toutes ces années sans être inquiété.
Et paradoxalement, c'est toute cette "liturgie" Gégé avec ses légendes, ses morceaux d'anthologie, ses témoignages posthumes, ses rumeurs qui a donné son caractère canonique aux interventions de notre poivrot préféré. Chacune de ses apparitions et chacun de ses débats sont l'objet désormais d'études, d'analyses et de discussions animées. Ils sont religieusement répertoriés, classés, complétés. Des années après sa mort, Gégé est encore bien vivant dans nos esprits et ne cesse de compter de nouveaux adeptes. Quel animateur peut se vanter d'un telle aura? Aujourd'hui, lequel d'entre nous ne rêverait pas de trouver des inédits de Gégé : des hors débats délirants, des lectures de trac' improbab', les engueulades dans les couloirs?
Gégé n'a pas fini de nous faire rire. Sa courte vie était un long voile sombre parfois entrecoupé de lumineuses entractes. Sandy, la route, la radio, New York et une multitude d'autres souvenirs en font partie. Il a laissé un héritage médiatique unique et singulier dans l'histoire de la radio. Il n'y aura pas d'autre Gégé, jamais. Et cette seule perspective provoque en chaque fan que nous sommes, enfant que nous étions et hommes que nous sommes devenus un pincement au cœur...on l'appelle nostalgie.
En effet, il en ressort deux points importants.
D'abord, le "concept" Gégé en libre antenne était un modèle en bout de course qui avait depuis déjà un bon moment grillé ses meilleures cartouches. Sur la fin, l'émission était au mieux acceptable, le plus souvent ennuyeuse. Changement d'équipe, changement d'esprit, changement d'époque...tout doit se terminer un jour comme le souligne avec sagesse Phildar. L'atmosphère gentiment bordélique et déjantée de l'âge d'or avait disparu pour une version plus chloroformée des débats de Gégé. Les auditeurs avaient grandi et l'émission peinait à trouver un second souffle. Le principal intéressé semblait lui-même être de plus en plus détaché de son émission : je pense personnellement que, malgré sa bêtise presque admirable, il avait conscience que ce cirque ne menait à rien : il était là pour faire le clown depuis des années et il n'avait rien d'autre à attendre de la radio. On se servait de lui, et lui y trouvait son compte finalement, mais ce jeu devait se terminer un jour ou l'autre.
Je pense également que sa séparation d'avec Sandy a eu plus de répercutions qu'il ne voulait bien l' avouer (Nicolas avait fait une interview croisée de Sandy et Gégé juste après leur séparation et Gégé avait abreuvé Sandy d'accusations sans fondement): il faut en effet reconnaître que Sandy était son seul lien tangible avec le monde civilisé et un noyau social presque normal avec des amis, des sorties, et une belle-famille. Une fois partie, Gégé s'est retrouvé bien seul en roue libre avec ses démons : alcool, aigreur et solitude.
Deuxième remarque, c'était l'impossibilité de formater Gégé dans une émission. Même s'il avait eu un CDD à une époque, le "concept" Gégé tenait plus de l' expérimentation que du "business model". C'était une bombe artisanale toujours sur le point de sauter. Menteur, d'une mauvaise foi consternante, alcoolique, grossier, vulgaire, asocial, incapable d'une introspection la plus élémentaire, Gégé n'était exploitable que dans sa "cage médiatique". En dehors du contexte de la radio, qui voudrait sérieusement d'un ami comme Gégé toujours prêt à déraper et insulter son entourage? Il avait ses fans certes, mais sans les "débats de Gégé", Gérard n'eut été qu'un alcoolique anonyme parmi tant d'autres dont nous nous serions bien moqués. C'était un concept unique, non reproductible, une sorte de prototype imparfait voué à l'échec à terme. Le tout était de savoir quand prendrait fin cette mascarade. En effet, comment prendre au sérieux sur le long terme une émission dans laquelle un alcoolique acariâtre insultait les auditeurs à longueur de débat et prenait le micro avec un dose substantielle de rouge dans le sang? Gégé était donc un modèle unique. Unique dans son concept et unique dans le temps car aucune radio ne prendrait le risque d'avoir un Gégé à l'antenne de nos jours, où la judiciarisation des actes est devenue banale. Déjà, je trouve miraculeux qu'il ai pu rester à l'antenne toutes ces années sans être inquiété.
Et paradoxalement, c'est toute cette "liturgie" Gégé avec ses légendes, ses morceaux d'anthologie, ses témoignages posthumes, ses rumeurs qui a donné son caractère canonique aux interventions de notre poivrot préféré. Chacune de ses apparitions et chacun de ses débats sont l'objet désormais d'études, d'analyses et de discussions animées. Ils sont religieusement répertoriés, classés, complétés. Des années après sa mort, Gégé est encore bien vivant dans nos esprits et ne cesse de compter de nouveaux adeptes. Quel animateur peut se vanter d'un telle aura? Aujourd'hui, lequel d'entre nous ne rêverait pas de trouver des inédits de Gégé : des hors débats délirants, des lectures de trac' improbab', les engueulades dans les couloirs?
Gégé n'a pas fini de nous faire rire. Sa courte vie était un long voile sombre parfois entrecoupé de lumineuses entractes. Sandy, la route, la radio, New York et une multitude d'autres souvenirs en font partie. Il a laissé un héritage médiatique unique et singulier dans l'histoire de la radio. Il n'y aura pas d'autre Gégé, jamais. Et cette seule perspective provoque en chaque fan que nous sommes, enfant que nous étions et hommes que nous sommes devenus un pincement au cœur...on l'appelle nostalgie.